Vous êtes timides, introvertis, peu sûrs de vous. Et vous souhaiteriez faire enfin entendre votre voix, vos idées, être comme tous ces managers ou commerciaux qui arrivent grâce à leur bagout à vendre du sable à des bédouins. Pour enfin prendre la place qui est la vôtre dans ce monde qui privilégie tellement les soft skills, la com’ et les extravertis en général que ça en devient limite injuste.
Ce sentiment est bien connu. C’est rageant, frustrant, ça vous empoisonne la vie. Votre légitimité et votre estime de soi sont minées irrémédiablement et on n’ose plus trop s’exprimer et encore moins prendre la parole devant un public peu importe l’enjeu. Pire encore, on accepte que d’autres personnes qui osent plus passent devant nous.
C’est un cercle vicieux qu’il est difficile de rompre. Et il n’y a malheureusement pas de remède miracle pour vaincre sa timidité lorsqu’on doit prendre la parole. On peut travailler cela avec de la TCC notamment et modifier ses comportements de manière globale. Et pour parler, pour s’exprimer c’est encore plus atteignable, si on en a la volonté.
Au-delà de l’aspect psy, que je n’aborderai pas puisque ce n’est pas mon job, je vais surtout vous parler de quelques pistes mécaniques et aussi cognitives pour pouvoir s’améliorer.
Dans des circonstances de prise de parole, il y a un enjeu de représentation incompressible. Que ce soit pour un pitch, un entretien d’embauche, une conférence ou même une conversation à la machine à café, vous avez devant vous un public qui a une attente vous concernant, de même que vous avez des attentes quand quelqu’un vous parle ou souhaite vous transmettre un message. Avec une obligation de présence physique, d’adéquation entre votre fonction et ce que vous en montrez, et surtout de se faire entendre.
Vous jouez d’une certaine manière votre propre rôle, à votre corps défendant souvent car les participants à cette pièce de théâtre qui ne dit pas son nom ne sont pas forcément conscients de ce qui se passe, de manière assumée parfois. Mais vous jouez votre propre rôle. Donc autant prendre en compte cette réalité et travailler avec.
L’aspect congruence entre votre professionnalisme et les mots que vous allez utiliser, c’est une chose. ça se prépare en amont, ça se peaufine, ça se travaille à froid et ça sera l’objet d’un autre article.
Mais pour revenir à l’enjeu principal, à savoir mettre en place une stratégie pour vaincre sa timidité lorsqu’on prend la parole : ce que l’on fait tout d’abord en coaching vocal, c’est d’enregistrer les personnes timides qui viennent à mon cabinet et de voir l’effet que leur voix peut susciter. On est câblé pour détester le son de sa propre voix enregistrée. Ce n’est pas une surprise, tout le monde réagit pareil ! La prise de conscience est brutale, parfois assez douloureuse tant le décalage entre l’image qu’on a de sa voix et le son de l’enregistrement peuvent sembler différents, dissonants. Mais elle permet aussi de dédramatiser la situation. Comme personne n’aime entendre sa voix, le sentiment d’inconfort semblera universel. Particulièrement en France où le jugement envers autrui est prompt et virulent.
La seconde étape, c’est de faire prendre conscience de ce qui est audible du point de vue d’un public et le décalage avec ce que la personne timide considère comme audible et projeté. Donc on va s’astreindre à déjà parler “fort” et on se rendra compte que ce qui est “fort” est juste timbré et normal. Donc audible. Projeté. C’est la réalisation de ce qu’on attend et qu’il faut savoir faire tout le temps quand on prend la parole, qu’on est en situation de représentation professionnelle. Cela est mesuré avec des outils spécifiques, donc avec une représentation tangible.
La troisième étape, c’est de mettre la voix sur la colonne d’air. En effet, c’est une chose que de parler fort, ça en est une autre de projeter la voix avec l’intégralité du corps et faire en sorte que ce soit naturel. C’est l’étape la plus longue, car cette connexion à notre respiration qui était naturelle lors de notre petite enfance ne l’est plus. L’école et la transformation de notre corps durant l’adolescence sont passées par là. On cible par conséquent des exercices spécifiques, on s’entraîne, on fait des essais et on progresse.
Une fois que cette connexion est bien là, présente et constante, le sentiment de maîtrise et même de puissance, donnera suffisamment de confiance pour être à la hauteur de l’enjeu, de votre propre rôle. C’est une étape qui prend du temps, mais elle vaut le coup car vous pourrez explorer en toute sécurité toutes les nuances des mots et de la langue sans perdre votre maîtrise de votre voix.
Entendons-nous bien, vous resterez timide. Mais vous saurez à un moment T être présent et être convaincant. Et ça c’est le principal.
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A propos
Emilien Hamel
Formateur en prise de parole et coach vocal, Expert Voix, Grenoble et visio