Stop aux labels inutiles : pourquoi il faut supprimer CPF, Qualiopi e tutti quanti

Attention, statut un peu coup de gueule, qui va peut-être froisser quelques plumes. 

Je vais m’en prendre, de nouveau, à ce qui est une des plus belles arnaques du secteur de la formation… le CPF et QUALIOPI !!! Pour ceux qui me connaissent et sont un peu familiers avec mes publications, vous savez que je ne souhaite passer aucun de ces labels par choix déontologique car:

  1. il est difficile pour un apprenant de s’impliquer dans une formation qui ne coûte pas grand chose
  2. la certification, dans le champ de la voix et de la prise de parole en public, prouve avant tout que les organismes qui obtiennent le sésame sont ceux qui ont…. du temps à perdre (quid de leur activité ?)

En tant qu’entrepreneur individuel, je n’ai pas le loisir de me coltiner des process administratifs aussi lourds… ça c’est pas nouveau, vive la France. Sauf que depuis le 7 juin dernier, puis le 4 novembre puis le 4 décembre, trois évènements qui me font un peu reconsidérer ma vision de l’entrepreneuriat et de la France se sont déroulés : la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’élection de Trump. Je suis passé d’un état de stupéfaction à un autre de frustration et enfin un dernier de rage aussi verte que la bile d’un diabétique.

Ce qu’ont révélé les élections européennes

Qu’est-ce que la dissolution de l’Assemblée Nationale a à voir avec le CPF, Qualiopi et tous ces labels et certification de coaching? A priori, rien. Sauf que…

Peu de temps après les élections européennes, Mario Draghi, ancien premier ministre italien et banquier à la Goldman Sachs, écrit un rapport sur le manque de compétitivité de l’UE devant la concurrence internationale, surtout celle des Etats-Unis. Il parle notamment des normes et de la lourdeur administrative qui étouffent toute forme de créativité ou d’entrepreneuriat.

Un entrepreneur constate 

Là-dessus, je suis assez d’accord avec lui. Avec mon simple statut d’entrepreneur individuel, je dois être à jour dans mes déclarations auprès de l’URSSAF,, du SIE et de la DREETS car j’ai un Numéro de Déclaration d’Activité et tenir une vraie compta pour mes multiples activités. Donc à ma petite échelle, je passe à peu près autant de temps à m’occuper de tout ça au lieu de faire de la prospection. Premier coup de colère donc car je ne comprends pas pourquoi nos représentants ne cherchent pas à nous simplifier la vie. 

Arrivent les législatives juste avant les J.O…

Ce qu’ont révélé les élections législatives

Deuxième coup de colère, qui est persistant, tenace et va crescendo les jours passants. L’étincelle, c’est la gestion calamiteuse de nos finances publiques depuis un bon moment déjà. Avec notamment cette absurdité totale du CPF et de Qualiopi.

Avant Qualiopi, il y avait Datadock. Vous pouviez avoir l’accréditation gratuitement. Certes il fallait se creuser les méninges pour remplir tous les critères (veille d’information pour les formations, comment j’accueille un public, feuilles de présence, formation continue, etc). Mais c’était faisable. Long, mais faisable. Cela vous permettait de mieux structurer votre offre et avoir un suivi qualité que vous n’auriez peut-être pas mis en place auparavant.

Et puis Qualiopi est arrivé.

Avec d’autres critères mais surtout un droit à l’entrée : vous devez payer un premier audit de 990€ pour un OF et 1485€ pour un centre d’apprentissage pour pouvoir prétendre à ce Label pour obtenir des financements de la part des OPCO. Avec par la suite des audits de contrôle réguliers, payants là aussi (445€ pour les OF et 990€ pour les centres d’apprentissage). On est donc taxé à l’entrée et à la sortie, et ce pour un label qui n’est pas approprié par rapport à notre spécialité.

Pour avoir discuté autour de moi, les organismes qui sont Qualiopi parlent en grande majorité de ne pas repasser l’audit de renouvellement du label:

  1. parce que c’est très astreignant pour l’OF et l’apprenant
  2. parce que c’est cher
  3. parce que ça ne rapporte aucun client tant les démarches administratives rappellent l’obtention d’un visa en Union Soviétique du temps de Brejnev

L’absurdité du CPF

Parlons aussi du label CPF pour être dans le Registre Ordinaire. L’accréditation est particulièrement difficile à obtenir car votre note d’opportunité, l’évaluation de la valeur d’usage de vos formations et votre référentiel de compétences doivent répondre à certains critères, qui changent d’ailleurs tous les six mois. Et vous avez évidemment des organismes qui vous aident à préparer cette certification moyennement un coût assez prohibitif, et encore une fois une contrainte administrative délirante une fois le label obtenu, sans garantie d’obtention de la précieuse accréditation.

Donc on a deux labels très compliqués à obtenir, avec tout un business qui s’est créé autour pour vous aider à préparer les audits ou dossiers, sans garantie d’obtenir quoique ce soit. 

En faisant un léger sophisme, on peut donc dire que la lourdeur administrative génère du business et rapporte à certains. 

Alors que la simplification pourrait permettre à beaucoup d’entrepreneurs d’avoir plus de temps pour prospecter et maintenir leur business dans cette période compliquée.

L’élection de Trump et son programme de simplification budgétaire en mode énervé me fait dire que ce n’est pas une fatalité en France, où on a un vraiment problème de culture par rapport au fait d’entreprendre, car tout est très vite complexifié par une bureaucratie qui n’a aucun intérêt objectif à se simplifier.

La censure du gouvernement Barnier

Dernier coup de colère, celui-ci plus récent, la censure du Gouvernement Barnier. Cela fait désormais plus de sept mois que nous n’avons pas de gouvernement fonctionnel, une espèce de flou artistique sur d’éventuelles réformes structurelles, notamment par rapport à la formation professionnelle et le CPF, qui à mon avis devrait être réservé aux formations diplômantes et non certifiantes.

Ma frustration vient cette fois-ci du fait que ce n’est pas prêt de changer. Que le système de certifications et de labels qualité ne sera pas remis en cause ni ouvert à des spécialistes qui connaissent très bien leur métier mais ne veulent pas perdre de temps à passer des audits avec un retour sur investissement très incertain et une incitation de fait limitée à participer à un système qui les dessert plus qu’autre chose.

Pris au piège

Donc comme beaucoup d’entrepreneurs, je me sens pris au piège dans un pays qui n’a pas envie de voir des activités d’expertise se développer, qui connaît le problème par rapport au CPF et au Qualiopi, et qui n’est pas en capacité à enrayer ce délire normatif, soit par flemme soit par intérêt. 

Cette approche n’est à l’avantage ni des experts reconnus qui pourraient bénéficier d’une manne financière intéressante, ni des labels qui ont de leur côté essentiellement des OF qui ont le temps et les ressources de faire l’administratif…. et n’ont pas forcément les formateurs vraiment compétents de leur côté.

C’est un véritable gâchis et cela me fait mal au cœur.

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A propos

  • Portrait Emilien Hamel

    Emilien Hamel

    Formateur en prise de parole et coach vocal, Expert Voix, Grenoble et visio